L’aménagement du Rhône et son équipement en moyens de production hydroélectriques induisent des impacts sur les habitats aquatiques, sur leurs fonctionnalités et plus globalement sur le transport des sédiments issus de l’érosion des bassins versants.
Chaque année l’Arve, rivière haut-Savoyarde, charrie 700 000 m3 de matériaux non valorisables qui sédimentent à l’amont du barrage de Verbois en Suisse au niveau de Genève. Ces dépôts engendrent, à termes, des risques d’inondation importants.
Les barrages, qui ont été construits sur le fleuve au cours de la 2ème moitié du XXème siècle, sont là pour longtemps et sont la seule source d’électricité renouvelable à production instantanée indispensable pour répondre aux besoins de notre mode de vie toujours plus énergivore. Alors que faire ?
Faute de pouvoir se passer des barrages, il est indispensable de faire transiter, à fréquence régulière et de manière contrôlée, les sédiments bloqués pour assurer les équilibres du fleuve à l’aval et la sécurité à l’amont. (Pour plus de précisions consultez notre article : https://www.savoiepeche.com/Actualites_Savoie_Peche/abaissements-partiels-de-verbois-2025-apaver)
Conformément aux informations que nous vous avions diffusées, le 15 et le 26 mai derniers ont eu lieu les opérations d’accompagnement du transport sédimentaire du Haut Rhône Franco-Suisse. Cette année, 1.6 millions de tonnes de sédiments ont transités à l’aval du Barrage de Verbois conformément aux objectifs fixés par les autorités. Pendant 11 jours, 24h/24, 400 agents des entreprises exploitantes et 1 scientifique spécialisé se sont relayés pour gérer les débits et concentrations de Matières En Suspension et surveiller les milieux. Le taux moyen de MES s’est situé aux environs de 3.4g/l (taux moyen maximum autorisé 5g/l).
Côté associatif, les Fédération pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique 73 et 38, des AAPPMA riveraines, un pêcheur professionnel et un bénévole se sont investis tout au long des 12 jours de manœuvres dans les suivis et les sauvetages piscicoles aux côtés des scientifiques et des industriels. Sur les 130 km de Rhône Français une quinzaine de pêche de sauvetages ont permis de sauver 700 kg de poissons de 19 espèces et de toutes tailles. Une centaine de kilos n’ont pu être sauvés et ont été retrouvés morts le plus souvent échoués.
Les activités dans le lit du Rhône, dont la pêche, ont été réautorisées le 27 mai, jour du communiqué officiel de la fin des opérations. Seule la navigation a repris progressivement en raison de l’obligation de tests de manœuvres des écluses. Chaque portion bénéficiant d’un avis à la batellerie réautorisant la navigation.
Chaque opération de gestion sédimentaire est l’occasion d’apprendre et de progresser dans la connaissance des phénomènes hydrauliques en œuvre, du comportement du poisson et du terrain. Un retour d’expérience permettra de bancariser les éléments utiles pour l’avenir. Une réflexion est lancée concernant la possibilité de décaler les APAVER à une période moins impactante pour la faune. De son côté, la FSPPMA milite pour la mise en place d’une étude spécifique au volet piscicole qui intègrerait l’ensemble des compartiments du Haut Rhône en lien avec les opérations de gestion sédimentaires. Des progrès sont aussi à réaliser en matière de communication, afin de prévenir les usagers avant et pendant les opérations et pour valoriser les actions de préservations écologiques mises en œuvre.
Enfin, nous pouvons noter une très faible mobilisation bénévole sur le terrain qui contraste avec la forte activité sur les réseaux sociaux. Dans le cadre des prochains APAVERS, nous invitons les personnes disposant d’informations liée à des poissons en difficulté à les communiquer rapidement aux services compétents afin qu’ils puissent intervenir et bancariser la donnée de manière constructive.