Le contexte

Après une 1^ère acquisition de données de température au cours de la période estivale 2020 sur 21 stations pour faire le bilan du contrat de rivière, le SIAGA a initié en 2022 un réseau de suivi pérenne.

Cette action inscrite au contrat de bassin Guiers – Aiguebelette – Bièvre et Truison / Rieu 2022-2024 s’est réalisée en partenariat avec les fédérations de pêche et de protection du milieu aquatique de l’Isère et de la Savoie compte tenu de leur expérience sur cette thématique. Ce suivi s’inscrit dans une volonté de mieux connaître le profil thermique sur le long terme des cours d’eau du bassin du Guiers. Il complète l’étude des Refuges thermiques pour les salmonidés réalisée par Scimabio Interface au cours de l’été 2022.

La mise en œuvre

Le réseau du SIAGA se compose de 30 stations dont :

• 5 issues de l’observatoire départemental de la température des cours d’eau de la FSPPMA
• 9 issues du suivi départemental de la température des cours d’eau de la FDAAPPMA 38,
• 16 stations créées et gérées par le SIAGA pour compléter ces réseaux existants.

Le choix des implantations de stations a été orienté pour répondre aux objectifs suivants :

• Mieux caractériser le fonctionnement thermique du Thiers qui est soumis à l’influence du lac d’Aiguebelette et de l’aménagement hydroélectrique de La Bridoire,
• Caractériser le fonctionnement et les périodes d’assec du Merdaret 
• Quantifier l’influence des ouvrages transversaux sur la température de l’eau.

Sur chacune des stations, un enregistreur immergé a enregistré la température au pas de temps horaire et en continu sur la période juin 2022 – octobre 2024. Ces données permettent de caractériser finement le profil thermique sur les différents secteurs ciblés et de préciser les conditions estivales et hivernales qui sont des saisons clés dans le cycle de développement des espèces.

Les résultats

Le Guiers Vif et le Guiers Mort ont des profils thermiques frais jusqu’à la sortie du massif karstique de la Chartreuse. Le Guiers Mort se réchauffe rapidement sur le linéaire qui traverse la plaine des Echelles et les conditions thermiques deviennent limitantes pour les espèces salmonicoles et le chabot.

Ces conditions limitantes perdurent sur le cours médian du Guiers et s’accentuent à la sortie des gorges de Chaille avec l’apparition de longues séquences où la température reste supérieure à 19°C. Le Guiers à l’aval de Pont-de-Beauvoisin est dégradé thermiquement et les conditions de vie piscicole conviennent pour un peuplement à Cyprinidés d’eaux vives. Les espèces sensibles sont contraintes par les températures estivales élevées qui peuvent favoriser le développement de pathogène comme celui de la maladie rénale proliférative.

Concernant les affluents les situations sont très variées :

• Sur le Merdaret, à l’aval des premières restitutions de sources de Saint-Joseph-de-Rivière, les apports souterrains redonnent à l’Herrétang des conditions plus fraiches, et ce jusqu’à sa confluence avec le Guiers Mort.
• Sur l’Ainan, les conditions thermiques sont plus défavorables à l’amont qu’à l’aval. Le contexte agricole et l’importance limitée de la ripisylve seraient des causes du réchauffement estival.
• Sur la Bièvre, le continuum classique de réchauffement est observé avec des conditions plus fraiches en amont et limitantes en aval.
• Sur le Thiers, la température est influencée par le lac d’Aiguebelette et la production hydroélectrique de La Bridoire. La température de l’eau du tronçon court-circuité à l’aval de la prise d’eau de Munin est extrêmement chaude avec des records enregistrés à 27.7°C. Les apports souterrains et l’arrivée du Grenant au niveau de La Bridoire redonnent vie au cours d’eau et la température redescend dans une gamme de conditions limitantes à défavorables pour les espèces sensibles jusqu’à la confluence avec le Guiers.